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Page:Maurice Pescatore - Chasses et voyages au Congo, 1932.djvu/113

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chasses et voyages au congo

longs paraissent plus petits et les chevilles moins énormes, j’allais dire plus minces ; la queue plus longue, est aussi plus fournie. Les mesures que j’ai prises, démentent mon appréciation. L’oreille mesure 1,35 sur 0, 97. Le pied de devant 0,42 sur 0,36, alors que celui de derrière’qui a 0,47 sur 0,27 est encore plus oblong que celui du Soudan. La longueur de la queue est de 1 m. 75 et les défenses très boires ont comme dimensions, la droite sur laquelle il est tombé 2 m. 49, dont 1 m. 92 sortant de la bouche avec une circonférence de 0 m. 55, et la gauche dont la pointe est cassée, donne encore 2 m. 32 avec 1 m. 82 sortant de la bouche et 0 m. 57 de circonférence.

Le dépeçage du monstre fut un poème ! J’avais immédiatement envoyé un message au camp, pour prévenir ma femme afin qu’elle vienne prendre une photographie et qu’elle amène le monde nécessaire pour rapporter la dépouille de ma victime. Et bientôt tout le village fut sur place, et de 10 heures du matin à 5 heures du soir, nous assistâmes à une véritable scène de cannibalisme. Mes hommes d’abord furent autorisés à prélever la part du lion de la magnifique proie qui leur était échue, et l’on vit chacun d’eux armé de son couteau (Kichu) se tailler à même la bête le morceau de son choix, et le dévorer tout cru ; puis quand les premiers furent repus, hommes et tînmes du village se précipitèrent à leur tour dans le ventre mis à nu et au milieu de cris et de batailles quasiment inhumaines, s’arrachèrent les lambeaux d’entrailles, qui sont, paraît-il, le mets le plus réputé ; j’ai vu sortir de là des hommes entièrement couverts de sang et de matières fécales, et ce spectacle d’aspect préhistorique, joint à l’odeur nauséabonde qui l’accompagne, m’enleva pour longtemps e goût d’assister au dépiautage de mes victimes. Mais j’ai voulu surveiller jusqu’au bout le travail de dégagement de mon ivoire, et quand enfin au bout de six heures la panière alvéole de la gencive dans laquelle est encastrée la défense craqua, ce fut avec un sentiment de soulage-