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Page:Maurice Pescatore - Chasses et voyages au Congo, 1932.djvu/114

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chasses et voyages au congo

ment, mêlé’à celui de la joie d’avoir réussi, que je rentrais au village, rapportant mon butin en triomphe ; quatre hommes eurent de la peine à charger les défenses sur leur dos, et le soir quand je reçus de B… prévenu entre temps, la balance que je lui avais fait demander, je constatai non sans fierté que l’ivoire pesait 43 et 45 kilogs et mon compagnon m’assura que sur cent chasseurs d’éléphants qui parcourent l’Afrique il en est bien peu qui peuvent dire avoir tué un spécimen dépassant 40 kilogs par dent, lui-même, sur plus de 230 qu’il a à son actif, en compte deux plus gros, l’un pesant 52 et l’autre 47 kilogs par dent. Je puis donc me vanter d’avoir eu de la chance, et même si par la suite, je ne devais plus réussir aussi bien, mon voyage au Manyéma m’aura rapporte un trophée dont je puis être justement fier.


15 décembre.

Le lendemain de ce jour mémorable fut employé tout entier au nettoyage des défenses et des pieds, ce qui représente un travail considérable et le bris d’un certain nombre de haches ; pendant que mes hommes travaillaient et se reposaient tour à tour, je faisais aux environs un petit tour de reconnaissance, mais le terrain très marécageux dans lequel je m’étais engagé ne me permit pas d’aller plus loin ; un moment je suivis la trace d’une femelle d’éléphant puis dans un fourré inextricable, j’aperçus tout à coup une tache ronsse : c’était à dix mètres de moi un buffle rouge qui me regardait : je tirai et heureusement je manquai, car si j’avais blessé la bête elle me chargeait bien certainement, tandis qu’elle a eu peur de mon coup de fusil, et a disparu en grande hâte dans le fourré, entraînant derrière elle tout un troupeau de buffles noirs et rouges mélangés que je n’avais point vus, et qui dévalèrent devant nous avec un véritable bruit de tonnerre ; il y en avait au moins cinquante. Mes porteurs de tippoye, terrorisés s’étaient réfugiés dans les arbres, tandis que les Babuyas