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Page:Maurice Pescatore - Chasses et voyages au Congo, 1932.djvu/312

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chasses et voyages au congo

le Fleuve semble se gonfler et s’élargir ; à Bumba où nous arrivons dans l’après-midi, il mesure 28 kilomètres de large et l’on me dit qu’il atteint ici sa plus grande largeur, mais c’est une erreur. Bumba devrait être un poste important car, situé à la porte de l’Uelé, et à l’intersection d’une des grandes rivières qui en descendent, il devrait y drainer toute une partie des produits de cette riche province, mais on ne sait pourquoi Bumba donne une impression d’abandon, et à part deux douzaines de bâtiments alignés sur la berge, dont l’habitation de l’Administrateur, on ne sent ici ni vie ni mouvement et l’on se demande quelle en peut être la cause. On me dit pourtant qu’il y a derrière Bumba une rizière modèle qui décortique cinq tonnes de riz par jour, et à ce propos j’apprends que la culture du riz se développe fort dans tout le Nord de la Colonie ; et en dehors de celle d’ici on me cite deux rizeries à Stanleyville, deux à Mukundi, deux dans l’Uelé, une dans la région équatoriale, en tout sept ou huit pour le moment, auxquelles d’autres viendront s’ajouter probablement.

En descendant le fleuve nous avons peu à peu lié connaissance avec les autres passagers du « Luxembourg » qui tous comme nous regagnent la côte pour se rembarquer pour l’Europe ; les uns sont des gens faisant partie de l’Administration de la Colonie, les autres, et ce sont les plus nombreux, sont des directeurs ou des agents d’entreprises particulières, et c’est triste à dire mais on sent poindre dans la conversation de tous ces braves gens, un malaise dont je n’ai pu définir les détails mais dont il m’est resté une impression générale que je vais essayer de rendre de mon mieux.

D’abord, et pour commencer, il y a trop d’entreprises similaires au Congo qui se font concurrence, et qui doivent fatalement arriver à se ruiner les unes les autres. Il y a eu ici comme en Europe un run sur les affaires, tout le monde a voulu vendre de tout et la même chose, et alors qu’une ou deux Sociétés d’importation auraient pu faire des béné-