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Page:Memoires de Mademoiselle de Bonneval.djvu/163

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cela ; mais je veux que vous n’ayez rien à me reprocher. Vous exigez de moi un aveu sincère : c’est ici le lieu de vous expliquer la cause de cette tristesse, où vous m’avez vû plongé au milieu même des plaisirs qui semblent naître chez vous à chaque moment, & qui toûjours nouveaux & toûjours diversifiez, déclarent une guerre mortelle aux caractères mélancoliques. Je dois donc vous justifier mon insensibilité ; ainsi pardonnez-moi cette petite revûë que je fais de mon cœur ; elle n’aura pas le tems de vous ennuyer.

Tant que la passion mutuelle de Barneuil & de Mademoiselle de Bonneval m’éclaira sur l’extravagance de la mienne, je défendis à mon cœur de concevoir la moindre espérance. La générosité & l’estime étoient les seuls motifs dont je me croyois animé.