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Page:Memoires de Mademoiselle de Bonneval.djvu/40

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une douceur qui me charma ; vif, complaisant, spirituel, lui seul il suffisoit pour faire l’amusement d’une compagnie ; le seul défaut qu’on puisse lui reprocher, est l’injustice de la fortune à son égard, défaut pourtant qui n’en est un qu’aux yeux de ceux que la bassesse de leur cœur met fort au dessous de lui. À la vivacité de cette peinture, vous reconnoîtrez facilement le pinceau d’une Amante ; je ne m’en défens pas, je l’aimai dès le moment que je le vis, & mon amour est aussi vif que dans le commencement ; ses qualitez personnelles ne me permirent pas de penser à ce qu’avoit été son père, & mon cœur emporté par la rapidité de sa passion, avoit fait trop de chemin pour qu’une pareille réflexion pût l’arrêter. Quand Barneuil paroissoit, je nageois dans la joye ; s’éloignoit-il, la