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Page:Memoires de Mademoiselle de Bonneval.djvu/41

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tristesse m’accabloit ! mon cœur étoit tour-à-tour le théâtre de ces deux passions, & j’ignorois encore que ce fût l’amour qui l’occupât sous leur nom ; mais aidée de ses lumières, je ne restai pas long-tems dans mon ignorance.

Ma tante qui lisoit beaucoup de Romans, faisoit quelquefois des descriptions de cette passion qui m’instruisoient infiniment ; j’étois d’abord assez simple pour m’imaginer qu’elle avoit pénétré mon secret, tant je trouvois de ressemblance entre les descriptions & l’état de mon cœur : je la regardois, je rougissois, je pâlissois ; mais devenue plus habile, il ne me fut pas possible d’ignorer que je grossissois le nombre des sujets de l’amour ; les inquiétudes s’emparèrent de mon cœur aussi-tôt que j’eus découvert la cause de mes agita-