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Page:Memoires de Mademoiselle de Bonneval.djvu/50

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que je vous adore. S’il m’est permis d’en croire vos yeux, ils ont entendu le langage des miens ; votre bouche seroit-elle plus cruelle ? Démentiroit-elle ces interprêtes innocens ? Me serois-je flatté ! D’un mot vous pouvez faire, mon bonheur ou renverser mes plus chères espérances ? Dans quelles inquiétudes vais-je attendre la décision de mon sort ! »

Je feignis une indifférence que mon cœur ne sentoit assurement pas, & comme je ne voyois rien dans cette lettre qui dût faire croire que c’étoit à moi qu’elle étoit addressée, je ne craignis point de la désavouer, & je soutins que, puisque Barneuil ne me l’avoit pas donnée, c’étoit sans doute pour une autre qu’elle étoit destinée. La défaillance de Barneuil, sa timidité, ses regards,