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Page:Memoires de Mademoiselle de Bonneval.djvu/57

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de Valpré écarteroit les soupçons ; je me trouvai moins malheureuse ; mais je me flattois vainement : quelques diligences que je pusse faire, il me fut impossible d’apprendre des nouvelles de Barneuil ; je ne doutai plus de l’effet de la lettre.

L’incertitude du sort & des sentimens de mon Amant, me plongeoit dans la tristesse ; mes jours couloient dans l’amertume : je voyois quelquefois une Dame Pensionnaire, dont l’air triste me remit. Nous rapportons tout à nous-mêmes, & nous ne jugeons des choses que par les mouvemens dont nous sommes affectez : deux personnes malheureuses sont portées d’inclination l’une pour l’autre ; l’usage de nos peines nous rend sensibles à celles des autres ; nous les plaignons, nous les partageons sans les connoître : la qua-