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Page:Memoires de Mademoiselle de Bonneval.djvu/60

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guéri, j’en suis sûre : d’ailleurs, ma chère Niéce, tu soupirerois pour une chimmère, Barneuil n’est peut-être plus. Je sçais qu’il a pris le chemin d’Italie ; il y sera arrivé assez tôt pour se trouver à la bataille qui vient de s’y livrer ; je sentis alors combien j’étois éloignée de le haïr : ma raison s’évanouit, ma foiblesse resta, quoique persuadée du peu de sincérité de ce que Madame de Valpré venoit de me dire, l’idée qu’elle me présentoit, me fit frémir. Les malheurs que redoute une Amante, sont toûjours à ses yeux des malheurs réels ; la crainte leur prête la réalité que la vraisemblance leur refuse. Je n’aurois pas balancé à croire mon malheur certain, si je n’avois jetté les yeux sur la cruelle Madame de Valpré : les yeux d’une Rivale font perçans. À travers la tristesse dont elle coloroit les