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Page:Memoires de Mademoiselle de Bonneval.djvu/65

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sur ma table ; ma Tante l’y trouva, le lut, & vit avec surprise l’état de mon cœur ; elle vint me montrer ce billet fatal. Sa fureur étoit déguisée sous un air de froideur qui la rendoit encore plus terrible : elle me dit, tenez, Mademoiselle, lisez & niez. Ajoûtez l’imposture au désordre de votre cœur ; j’étois convaincue : je me jettai à ses pieds ; j’embrassois ses genoux. Vous sçavez, lui dis-je, ma foiblesse ; je voudrois en vain vous la cacher : vous voyez les effets d’un penchant malheureux que je n’ai pû vaincre. Hélas ! Sommes-nous libres de donner notre cœur ? Si cela étoit, ce ne seroit que votre choix qui disposeroit du mien : soyez sensible à la pitié que mon état doit vous inspirer ; que les pleurs dont j’arrose cette main, désarment votre colère. Soyez pour moi une mère ten-