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Page:Memoires de Mademoiselle de Bonneval.djvu/66

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dre & compatissante ; vous en tenez la place : ayez-en les sentimens. C’est ainsi que je tâchois de la fléchir ; mais sourde à mes prières, elle me répondit avec un soûris forcé : Non, Mademoiselle, je ne serai plus votre dupe ; vous ne vous êtes que trop jouée de ma crédulité ; je n’ai qu’un mot à vous dire : il faut ou épouser Monsieur de M… (cet autre ennemi de mon repos, avoit recommencé ses persécutions depuis mon retour) ou retourner au Couvent. Je vous laisse le choix, mais je ne vous donne qu’aujourd’hui pour vous résoudre : adieu, Mademoiselle, songez-y. Elle sortit en disant ces mots, & me laissa en proye à toute ma douleur : j’irois, me dis-je alors, m’enfoncer dans un Couvent, d’où je fuis sûre de ne sortir jamais ; j’irai me forger des douleurs pour toute ma vie.