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Page:Mendès - La Légende du Parnasse contemporain, 1884.djvu/231

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Elle est pieuse et sage, elle dit ses prières
               Tous les soirs et tous les matins,
Et ne livre jamais aux doigts des chambrières
               Ses modestes cheveux châtains.

Quelquefois, le dimanche, en robe étroite et grise,
               Elle sort au bras d’un vieillard,
Laissant errer la vague extase et la surprise
               Innocente de son regard.

Et les oisifs n’ont de pensers d’infamies
               Devant ses yeux calmes et doux,
Lorsque dans les jardins, chez les fleurs, ses amies.
               Elle arrive à ses rendez-vous.

Elle est ainsi, n’aimant que les choses fleuries.
               Préférant pour passer le soir,
Les patients travaux de ses tapisseries
               Aux sourires de son miroir.

Elle a le charme exquis de tout ce qui s’ignore,
               Elle est blanche, elle a dix-sept ans,
Elle rayonne, elle a la clarté de l’aurore
               Comme elle a l’âge du printemps.