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Page:Mendès - Le Roi Vierge - 1881 (leroiviergeroma00mendgoog).djvu/112

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LE ROI VIERGE

laires, se haussaient à ma droite, et au delà, des pentes rouges, bleuâtres, grises, qui étaient des toitures, heurtaient leurs inclinaisons dans un fourmillement immobile d’où s’élançaient çà et là des pointes de clochers tintants.

« Je me souvins : c’était Pampelune. J’allai de ce côté.

« Je tenais à pleines mains les loques de ma chemise déchirée, d’où traînaient sur le chemin des passementeries de vestes, qui s’étaient, dans la lutte, accrochées à la baptiste. L’air frais du matin m’enveloppait, glissant, mouillant ma peau de rosées qui séchaient tout de suite. J’allais, honteuse d’être vue ainsi par toute la lumière ? non, contente d’être nue en plein soleil, comme les lys !

« À l’angle de la première rue, qui ressemblait à une route dans un champ parmi des maisonnettes, une fenêtre s’ouvrit, au rez-de-chaussée ; un jeune homme s’accouda, en manches de chemises, respirant la matinée ; je voyais derrière lui l’oreiller d’un petit lit aux couvertures pendantes. Il me regarda, étonné, presque effrayé. « Oh ! dit-il, où allez-vous ? » Je lui répondis : « Chez toi. » J’ai su depuis qu’il s’appelait don Tello.