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Page:Mendès - Le Roi Vierge - 1881 (leroiviergeroma00mendgoog).djvu/128

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LE ROI VIERGE

trait la vie par les trous ; courtisane, oui, expirante, non pas ; eh bien ! il fallait la prendre comme elle était. La prendre, c’était le mot, car elle s’offrait. De là un succès d’une espèce particulière ; on tendait les bras pour saisir la femme, plutôt que pour applaudir l’artiste ; des élans d’étreintes, qui s’achevaient en claquements de mains. La ressemblance avec la reine fut aussi une cause d’émotion ; ressemblance assez vague, sans doute, mais qu’avait précisée la robe du premier acte. Une témérité, cette robe ! N’importe, c’était « amusant ». Une souveraine qui chante des cavatines, on ne voit pas cela tous les jours. Il était malheureux que Gloriane n’eut pas joué en costume de page ; on aurait aimé à voir une Majesté en maillot. Plus d’un spectateur, troublé par l’amour des grandeurs ne fut-ce qu’en effigie, entrevit la possibilité d’être roi pendant quelques heures. En somme, douze rappels. Un énorme bouquet, celui de Mme de Soïnoff. Puis, derrière la toile retombée, Gloriane, soufflante et suante, et rafraîchissant son visage dans la chair parfumée des fleurs, se vit environnée par des abonnés du théâtre qui étaient venus sur la scène, selon leur privilége. Des vieux, des