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Page:Mendès - Le Roi Vierge - 1881 (leroiviergeroma00mendgoog).djvu/136

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LE ROI VIERGE

— Entrez ! dit Brascassou.

Le prince Flédro-Schèmyl parut. Un peu hautain, presque froid, avec un air de complaisance pourtant, — irréprochable du binocle aux bottines, — il avait ces grandes manières qu’il savait prendre avec les petites gens.

— Madame Gloriane Gloriani ? demanda-t-il dans un salut parfait.

Brascassou dit :

— C’est moi.

— Ah ! vous êtes plaisant, monsieur ?

— Très sérieux. Quand on vient parler d’affaires à Mme Gloriani, c’est à moi que l’on s’adresse. Informez-vous.

Gloriane fit un signe qui voulait dire oui.

— Or, puisque, nous n’avons pas l’honneur de vous connaître, continua Brascassou, c’est une affaire qui vous amène, évidemment.

Ceci gêna le prince Flédro. Il avait eu l’espérance d’un entretien futile et galant avec la belle prima-done, dans la loge parfumée de fard. Puis il aimait les causeries diplomatiques, éparses, errantes, ingénieuses aussi, qui n’arrivent au but qu’après de fins détours. Ce petit homme qui s’immisçait, direct, presque bru-