Aller au contenu

Page:Mendès - Le Roi Vierge - 1881 (leroiviergeroma00mendgoog).djvu/137

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
129
GLORIANE

tal, lui était importun, le troubla. Mais le prince n’avait pas de temps à perdre. Il répondit sèchement :

— Oui, une affaire.

— Très bien. Gloriane, va-t-en.

Elle se leva, obéissante.

Brascassou décrocha une pelisse fourrée, la lui mit sur les épaules, en lui disant à l’oreille :

— Ça se corse. Va m’attendre au foyer des artistes. Il y a encore du monde ; tiens-toi sur tes gardes ; on ne t’aime guère. Dame, tu comprends, tu as réussi. J’ai traversé le foyer tout à l’heure ; on en disait de belles ! Défie-toi surtout de la grosse Persano. Elle a des moustaches ; ça lui a gâté le caractère. Si elle te parle de la robe, fais la bête. Ah ! tu verras aussi Signol, le ténor, un brun. Il n’est pas du théâtre, mais il est venu ce soir, par curiosité, à cause de tes débuts. Il te fera des yeux de truite hors de l’eau, en se caressant la barbe. Ça lui réussit dans le monde. Je le connais. Il était garçon de restaurant du temps que j’étais décrotteur. Rien à faire avec Signol ! plus malin que moi. Si tu t’amouraches de lui, je te casse les reins. Maintenant, file.

Comme elle s’éloignait, le prince fit un pas en