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Page:Mendès - Le Roi Vierge - 1881 (leroiviergeroma00mendgoog).djvu/146

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LE ROI VIERGE

terie. Mais le garçon expliqua les choses. Tout à l’heure, il était au foyer, attendait qu’on sortît, pour emporter les lampes. La Gloriani causait dans un coin, avec Signol précisément. Il y avait huit ou dix personnes, la Persane, le mari de la Trebelli et d’autres gens ; Brascassou pourrait s’informer. La concierge était entrée, amenant un petit nègre qui avait un sac de bonbons et une lettre pour Madame Gloriane. Un amour de négrillon qu’on aurait cru sorti d’une trappe de féerie, pas plus haut qu’une botte de travesti, tout en ébène et en soie de toutes les couleurs, avec des rubans et des fanfreluches, — l’air d’un oiseau de paradis qui serait un groom. La Gloriani avait croqué une praline, en avait fourré une autre dans la bouche de Signol, puis, en lisant la lettre, elle s’était mise à rire, à rire, à rire ! Si bien que la gorge lui sortait du corsage sous la barbe de Signol ; et la Persano trouvait cela indécent. Enfin, Madame Gloriane avait dit : « Mais oui, mais oui, je veux bien, c’est très drôle, » et, sans bonjour ni bonsoir, en pouffant de rire toujours, elle s’en était allée avec le négrillon. Tout le monde était resté très étonné. Un peu après, on avait entendu le bruit d’une voiture qui s’en va.