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Page:Mendès - Le Roi Vierge - 1881 (leroiviergeroma00mendgoog).djvu/147

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GLORIANE

Brascassou grinçait des dents, la face toute ridée de colère.

— Ce contre-temps n’est pas bien grave, dit le prince en s’approchant.

— Monsieur ! cria le factotum, vous ne connaissez pas Gloriane ! Si elle m’échappe une heure, elle m’échappe pour toujours ! Ce n’est pas une chienne que je tiens en laisse, c’est une louve.

— Diantre !

— Il faut la retrouver à l’instant ! Allons, venez.

Il l’entraîna. En passant devant la loge du concierge, ils s’informèrent. On avait peu de chose à leur apprendre. Une voiture avait attendu à la porte du théâtre, en effet. Un coupé de maître, de beaux chevaux, un cocher très galonné. Mais qui était dans le coupé ? On ne savait pas, on n’avait pas pu voir. La petite de la concierge dit pourtant : « J’ai grimpé sur le marchepied, j’ai aperçu quelqu’un, dans le fond, qui avait l’air d’un jeune monsieur. » Puis Gloriane était descendue, s’était jetée dans le coupé, et la voiture, partant aussitôt, avait emporté dans son bruit de roues un double éclat de rire.