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Page:Mendès - Le Roi Vierge - 1881 (leroiviergeroma00mendgoog).djvu/164

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LE ROI VIERGE

le battant vite reclos, apparut, dans une explosion de chaleurs et d’odeurs, grasse, blanche, défaite, haletante, riant son rire rouge dans l’or mêlé de ses cheveux, et ramenant à pleines mains sur son front, sur sa gorge, sur ses forts bras nus, sa pelisse de fourrures, endossée à la hâte, qui lui mettait partout des caresses de bête douce.

Brascassou sauta sur elle comme Harpagon sur sa cassette, et l’entraîna dans l’escalier, pendant que Mme de Soïnoff, penchée en delà de la rampe, et, haussant le flambeau, disait :

— Prenez ma voiture, Gloriane !

Puis la comtesse se tourna vers le chambellan qui était resté là, stupéfait.

— Allons, suivez-les ! dit-elle.

— Mais, madame…

— Quoi donc ?

— Vous ne m’expliquerez pas ?…

— Est-ce qu’il y a quelque chose à expliquer ? Est-ce que tout n’est pas très clair ?

— Tout est fort mystérieux, au contraire !

— Bah ! vous trouvez ? Eh bien, après, que vous importe ? Qu’avez-vous à réclamer ? De quoi vous plaignez-vous ? Vous cherchiez Gloriane : vous l’avez retrouvée ; vous vouliez le portrait de