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Page:Mendès - Le Roi Vierge - 1881 (leroiviergeroma00mendgoog).djvu/194

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LE ROI VIERGE

forestières, et là il se coucha, la robe traînante sur les herbes, le coude dans les fourrures, la tête appuyée à un bouclier d’argent gravé de runes talamasques, qui rendit un son clair quand s’y posa le casque ailé.

Pareil à un jeune dieu qui sommeille fatigué d’un combat, il rêvait, immobile et regardant vaguement remuer les grandes feuilles d’émeraude, palpiter les plumes envolées et resplendir le soleil, à travers l’ombre de ses cils rapprochés, qui faisait plus mystérieuse encore et plus lointaine la chimère des féeries.

Il y eut un bruit dans les ramures.

Coiffé d’une tête de louveteau où les yeux reluisaient encore, habillé d’un cuir fauve et bourru de poils çà et là, Karl s’avançait avec l’air de ces pages d’armes que les Ases prenaient en croupe pour s’en aller dans les batailles.

— Sire, voici votre mère.

Le roi frémit, comme éveillé d’un songe.

— Ah ! dit-il, elle n’a pas refusé de venir, ici ?

— La reine a hésité, d’abord ; puis elle a murmuré : « Qu’importe ! »

— Eh bien, je l’attends. Tu nous laisseras seuls.