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Page:Mendès - Le Roi Vierge - 1881 (leroiviergeroma00mendgoog).djvu/195

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FRÉDÉRICK

Karl se retira, et reparut bientôt, en soulevant les branches longues du saule qui retombèrent lentement, comme une tenture, derrière une grande femme pâle.

C’était la mère de Frédérick ; le premier ministre du royaume de Prusse disait : « Si la reine Thécla était un homme, cet homme, avant deux ans, serait empereur d’Allemagne. »

Il y avait autour d’elle une espèce de respect qui s’écarte et ressemble à de l’épouvante. Depuis la mort de Joseph II, veuve d’un roi et d’un grand espoir peut-être, elle vivait solitaire, dans quelque château des montagnes, vers lequel on voyait, à certains jours, monter en ondulant des files processionnelles de nonnes et de moines, ou dans un cloître de la vallée, qui, planté sur une assise de rocs comme un autre escarpement et dressant sa vieille façade rectangulaire, au porche flanqué de canons, au fronton surmonté d’une croix, apparaissait comme une forteresse qui serait une église. À quoi songeait Thécla, seule ainsi, à l’écart de la vie ? Nul n’aurait pu le dire précisément. Dans tous les conseils de tous les souverains d’Europe, parmi les hommes qui combinent le sort des nations, il y avait une in-