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Page:Mendès - Le Roi Vierge - 1881 (leroiviergeroma00mendgoog).djvu/197

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FRÉDÉRICK

lonté du roi eût interrompu la fantasmagorie, soit que, par la réalité dure de sa présence, la reine eût dispersé la vanité des prestiges. Au-dessus d’un dôme de cristal coloré d’azur et teinté, par endroits, de nuées, le soleil n’était plus qu’une énorme boule d’or, aveuglée sous un passage de vraie lumière ; les arbres à l’écorce peinte en rouge avaient des feuilles de soie verte, où fauvettes et bouvreuils, tout à coup, comme tirés par un fil, s’étaient posés maladroitement, une aile mal refermée, dans un bruit de ressort ; parmi la laine un peu jaune des mousses, sur les petites étoiles blanches des pâquerettes en batiste, sur les muguets de satin, la fuite des lézards, qui ne courbait plus les plantes, s’était paralysée dans un accroc anguleux, et des sauterelles, à la pointe d’une tige de métal, se tenaient en l’air, tremblotantes. De tout le beau spectacle féerique, il ne restait plus que la laideur d’un décor sale, éteint.

La reine arrêta d’un geste son fils qui s’était soulevé sans doute pour qu’elle pût prendre place à côté de lui ; et, d’une voix qui avait la netteté d’un sifflement et qui pouvait faire songer au passage d’une faux rapide dans des fleurs :