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Page:Mendès - Le Roi Vierge - 1881 (leroiviergeroma00mendgoog).djvu/198

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LE ROI VIERGE

— Reste, dit-elle, je parlerai debout. J’ai peu de mots à dire, écoute-moi bien. Frédérick Ier, ton grand-père, fut obligé d’abdiquer, pour avoir livré le destin de la Thuringe au caprice d’une femme ; Joseph II, mon mari et ton père, est mort, peut-être pour avoir hésité dans la voie que je lui avais ouverte ; toi, Frédérick II, jeune homme qui rêves au lieu de régner et de vivre, quelle fin choisis-tu entre l’abdication et la mort ?

— Abdiquer ? mourir ? N’importe, dit le roi en se recouchant sur les peaux de bêtes. Mais qui parle de cela, madame ?

— Ta mère, qui sort de sa solitude pour t’avertir. Es-tu le monarque d’un royaume de la terre, ou le suzerain fantasque d’une île d’Avalon ? Il semble que l’on voit sur ton front, au lieu de la couronne de fer, lourde et pleine, des antiques Palatins, le diadème à clochettes d’un fou qui serait prince. Enfant, prends garde. Tu commandes à des hommes. Ta rêverie gêne l’action. Prends garde. La volonté de la Thuringe, proclamée par la Chambre, peut te contraindre à descendre du trône, et je te le dis, moi qui vois et qui entends de loin, la Révolution remue et