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FRÉDÉRICK

Il ajouta :

— Une telle gloire, d’ailleurs, ne peut pas être atteinte.

— Elle peut l’être ! s’écria la reine.

— Par quels moyens, ma mère ?

Elle courut à lui, s’assit sur l’arbre renversé. Elle n’avait plus le geste bref et rude, ni ce visage morne, qui, même dans l’enthousiasme de l’ambition, ne s’était pas animé, pas éclairé ; elle essayait de sourire, d’être familière, maternelle ; elle tendit les bras, comme avec une intention de caresse ; elle dit, d’une voix presque douce :

— Comme tu es sage aujourd’hui ! Tu écoutes, tu t’intéresses aux choses qu’on te dit. C’est très bien, mon Frédérick. J’ai été un peu brutale avec toi, tout à l’heure. Il ne faut pas m’en vouloir ; on m’avait irritée. C’est fini. Tu n’as pas cru, au moins, que je voulais te faire abdiquer, mettre Jean-Albert à ta place ? À quoi bon, du reste, puisque te voilà raisonnable ? Ainsi, plus de désaccord entre nous. Causons, là, tous deux, comme une mère et son fils.

La reine Thécla continua, câline :

— Tu me demandes par quels moyens je te ferai empereur ? Ne t’inquiète pas des moyens.