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Page:Mendès - Le Roi Vierge - 1881 (leroiviergeroma00mendgoog).djvu/206

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LE ROI VIERGE

Ce sont des combinaisons très nombreuses, très profondes ; tu n’y comprendrais pas grand’chose, enfant. La politique, n’est-ce pas, cela t’ennuie ? Tu ne feras rien toi-même, rien de très difficile. Un beau jour, le jour où tu t’y attendras le moins, je te dirai : « Venez, Sire ! » et Ta Majesté impériale n’aura qu’à s’asseoir sur son trône ! Tu sais, ajouta-t-elle avec un petit rire qui seyait mal à sa lèvre froide, comme Henri l’Oiseleur au premier acte du Chevalier-au-Cygne ! Ah ! seulement, il faut que tu aies confiance en moi et que tu m’obéisses un peu.

— En quoi ? demanda Frédérick, l’œil inquiet.

— Sois tranquille. Je ne te demanderai aucun sacrifice pénible. La Chambre, on te l’a dit peut-être, veut que tu exiles Hans Hammer. Je ne suis pas de l’avis de la Chambre. Ce n’est pas un crime d’aimer la musique ; un grand roi doit protéger les arts et les artistes. Il est vrai que tant de millions pour construire le théâtre, c’est beaucoup. La Thuringe s’appauvrit de jour en jour. L’impôt sur la bière est le plus sûr de nos revenus ; si les Thuringiens devenaient sobres, nous n’aurions plus d’argent du tout. Tu