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Page:Mendès - Le Roi Vierge - 1881 (leroiviergeroma00mendgoog).djvu/217

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FRÉDÉRICK

aussi, de la vie menteuse que tu as donnée aux choses. Oh ! mon bien-aimé, rappelle-toi la belle campagne vraie où nous courions ensemble, les grands arbres baignés de chaleurs dorées ou pâlissants de lune, et le bon souffle frais de l’espace, qui mêlait nos cheveux ! Que la nature était vaste et douce ! Ici, l’on est comme des âmes en cage. Il faudra retourner à Liliensée. C’est là que l’eau est pure et claire, et reflète tout le ciel ! Dis, te souviens-tu de ces roseaux penchés sur le bord de l’étang, qui nous faisaient un toit de verdures tremblantes, et où nous étions comme dans une maisonnette de feuilles et de soleil ? Une bonne odeur montait de la terre mouillée, et le vent nous apportait avec la fraîcheur de l’eau les petits cris des hirondelles qui rasent l’onde et la chanson des laveuses, là-bas !

Maintenant il l’écoutait, plus attentif, moins effrayé. Il avait baissé la tête vers ce jeune visage rose où le rire frivole s’était fondu en un sourire un peu triste, presque plaintif. Il se souvenait, certainement. Il avait dans les yeux comme un consentement attendri.

Lisi vit bien qu’il n’était plus ni fâché, ni sau-