Aller au contenu

Page:Mendès - Le Roi Vierge - 1881 (leroiviergeroma00mendgoog).djvu/222

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
214
LE ROI VIERGE

ruines au milieu d’un parc devenu forêt, au-dessus d’un lac changé en marécage. Mais l’air y est très bon, à cause des montagnes. D’ailleurs, on se promit d’avoir l’œil sur elle. Elle grandirait, cette petite, et, jeune fille, épouserait peut-être quelque prince ou quelque duc capable de revendications fâcheuses. À moins que, vers quatorze ou quinze ans, elle ne fût prise d’une violente vocation religieuse ; ce qui serait fort agréable à Dieu et aux hommes. Il y a de nobles couvents où les nonnes de grande race deviennent vite abbesses, et ne gênent plus personne. En même temps qu’un vieux château, on donna à Lisi — sous le titre de première dame d’honneur — une vieille gouvernante qui portait un scapulaire à son cou, un cilice sous sa robe, et qui se réveillait quatre fois chaque nuit pour prier sainte Élisabeth de Hongrie, à qui elle était particulièrement dévote.

Ce qui aurait fait le désespoir d’une autre enfant, fit la joie de Lisi.

C’était une grasse petite fille, aux grands yeux qui regardent en face, aux bonnes joues toutes rouges, pas farouche, turbulente, jamais en place. Elle avait été bien gênée, naguère, à Kranach,