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Page:Mendès - Le Roi Vierge - 1881 (leroiviergeroma00mendgoog).djvu/223

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FRÉDÉRICK

dans l’étroitesse de l’étiquette ; il lui fallait déjà prendre des airs de jeune souveraine, donner sa main à baiser, gravement, à des gens tout chamarrés d’or qui la saluaient avec un respect très convaincu. Comme elle avait envie de rire, quelquefois, au visage de ces vieux-là ! Il y avait surtout un chambellan, avec un nez tout rouge, à qui elle aurait été si contente de pouvoir tirer la langue ! mais des personnes sévères lui disaient : « Oh ! Altesse ! »

Maintenant, elle s’évadait des contraintes. Le lendemain de son arrivée à Liliensée — dont on avait, tant bien que mal, réparé l’aile droite — elle fut tout de suite à son aise, comme chez elle, dans les ruines, dans les bois, dans l’espace. Elle ne s’effraya ni de la sombre et morose demeure, ni de la blême gouvernante, renfrognée aussi, qui passait lentement, et sans bruit, dans les corridors, comme le revenant du château ; elle éparpilla dans toute la mélancolie environnante son éclat de rire d’enfant, et elle trouvait aux choses la gaîté qu’elle y mettait. Puis la petite paysanne qu’il y avait dans cette petite princesse — qui sait ? une méprise entre deux berceaux, peut-être ? — s’extasiait des arbres où l’on grimpe