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Page:Mendès - Le Roi Vierge - 1881 (leroiviergeroma00mendgoog).djvu/229

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FRÉDÉRICK

d’épines, les lèvres noires de mûres, jupe ou culotte en loques. Les mères, naturellement, grondaient, oui, mais on s’était si bien amusé.

À vrai dire, les mères avaient raison ; ces courses prolongées n’étaient pas sans péril, comme on le verra par la terrible aventure qui arriva une fois à Lisi et à ses compagnons.

Ils s’en retournaient vers le village, le long d’une lisière toute rougie et dorée par le coucher du soleil, — elle, sautant à cloche-pied, essoufflée, rose de plaisir, ses boucles au vent, ayant sur les bras un tas d’herbes et de fleurs sauvages ; les autres, derrière elle, un peu las, mais ravis, et traînant de longues branches d’arbre qui faisaient un bruit de soie déchirée, — lorsque, tout à coup, huit ou dix petits hommes masqués sortirent furieusement d’entre les arbres et enveloppèrent les vagabonds en criant :

— La bourse ou la vie !

Vous pensez la peur que l’on eut ! Garçons et fillettes, avec des cris et des gestes d’effarement, se serraient les uns contre les autres comme des oisillons dans un nid ; il y en avait qui s’étaient mis à genoux et tendaient les mains en deman-