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Page:Mendès - Le Roi Vierge - 1881 (leroiviergeroma00mendgoog).djvu/23

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GLORIANE

pas effaroucher les évêques qui venaient s’entretenir quelquefois avec la souveraine. Mais elle n’avait jamais quitté les manières sournoises et furtives de celles qui reçoivent et donnent des billets doux et qu’on embrasse dans les frisons de la nuque en leur mettant une bourse dans la main. Ce fut avec un air de mystère qu’elle dit au prince : « Sa Majesté va venir. » Il se sentit flatté. Il y a de vastes vestibules où se tiennent des huissiers imposants ; on l’avait fait entrer, sur les pas d’une camériste adroite, par des corridors qui ont l’air de se glisser autour des grandes salles pour ne pas être aperçus. Un peu romanesque, il se faisait l’effet de quelque confident du duc de Buckingham, venant demander à Anne d’Autriche la rose qu’elle avait eue hier soir dans les cheveux.

Il regarda autour de lui. S’il n’avait pas su qu’il était chez la reine, il aurait pu se croire chez quelque belle impure, opulente et délicate.

La chambre était peu vaste : non pas une salle, mais un boudoir. Pour plafond, un grand miroir, clair comme une eau limpide, que traversaient des chevelures de branches aquatiques couleur d’émeraude, et où s’incrustaient des na-