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Page:Mendès - Le Roi Vierge - 1881 (leroiviergeroma00mendgoog).djvu/24

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LE ROI VIERGE

cres blanches ici et là dorées, simulant des iris jaunes ou de pâles nymphéas. Un lac qui servait de ciel. Sur le satin blond des murs se plissaient des Malines ; dans les coins, des glaces de Venise, oblongues, aux cadres de cristal fleuri, inclinaient leurs surfaces pures, que décoraient en reliefs opaques des Arlequins et des Colombines. Au-dessus des portes, d’où pendaient des dentelles avec des plis de robes, des lanternes d’Orient aux clochettes légères, aux fins croissants d’or, remuaient sous le moindre souffle leur clinquant précieux. Une pendule de Sèvres, pâle et fardée de rose, coquette et vieillotte, était comme une petite douairière parmi les brimborions de la cheminée, boîtes à pralines, miniatures anciennes, grêles bergères en biscuit, à jupes retroussées, le chaperon de fleurs incliné vers l’épaule, qui souriaient à des poussahs de Chine, ventrus, accroupis sur leurs jambes et remuant la tête en laissant pendre la langue. Puis, dans les coins, ou épars dans la chambre, des chaises de satin pâle aux pieds d’or, chefs-d’œuvre d’un tapissier moderne, des coussins tombés d’une chaise longue, et dont l’étoffe éteinte avait dû orner la chaire d’une châtelaine. Le luxe de jadis avoisinant la grâce