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Page:Mendès - Le Roi Vierge - 1881 (leroiviergeroma00mendgoog).djvu/242

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LE ROI VIERGE

Mais les porteurs de torches ne paraissaient pas avoir des intentions hostiles ; ils s’inclinèrent d’un air de respect et se tinrent courbés dans un immobile salut. Lisi n’aurait jamais pensé que ce fût l’habitude des gens de police d’être si polis à l’égard des voleurs.

Elle fut bien plus étonnée encore, lorsqu’elle vit un vieux gros homme, tout chamarré de dorures — il la fit songer à ce chambellan de la cour de Kranach, qui avait le nez rouge — s’avancer, avec les marques d’une profonde humilité et, la tête basse, mettre un genou en terre devant le chef des bandits.

— Oh ! monseigneur ! monseigneur ! dit-il d’une voix fort convenablement émotionnée, combien je suis aise de retrouver enfin Votre Altesse ! Quelle inquiétude Elle nous a donnée pendant quatre longs jours ! Se peut-il qu’Elle n’ait pas réfléchi aux tourments que cette escapade causerait à une mère et à tant de dévoués serviteurs ? Ah ! voilà le fruit des mauvaises compagnies. Combien de fois n’ai-je pas conjuré mon auguste élève de refuser sa confiance à des pages frivoles, et surtout à ce petit démon de Karl, que, l’autre jour encore, j’ai surpris, dans