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Page:Mendès - Le Roi Vierge - 1881 (leroiviergeroma00mendgoog).djvu/274

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LE ROI VIERGE

Un bruit confus monta vers lui, d’une profondeur lointaine ; on eût dit le brouhaha violent d’une foule, dispersé, atténué en un murmure vague ; et, par instants, un cri dur, cri de colère et de menace, fendait l’air avec la brusquerie d’un déchirement.

Frédérick grimpa sur un rocher, en s’accrochant aux branches des sapins, et baissa les yeux vers la vallée resplendissante de soleil.

Il poussa un cri ! Et à présent, les bras au ciel, la bouche grand-ouverte, les yeux écarquillés, il était immobile.

Là-bas, très loin, les maisons d’une ville étrange fuyaient dans l’éloignement des rues ; hors de la cité, sur une colline peu haute, toute hérissée d’éclairs de lances et de lueurs de casques, se mouvait, criard et tumultueux, un immense entassement de populace bigarrée, et, dans la fureur des clameurs, mille gestes aux longues manches se levaient vers une grande croix, toute dorée de lumière, où un homme était attaché, la tête penchant vers l’épaule ! À deux autres croix, plus basses, l’une à droite, l’autre à gauche, il y avait deux autres hommes.

Que voulait dire ceci ? Qu’était-ce ? Une vision,