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Page:Mendès - Le Roi Vierge - 1881 (leroiviergeroma00mendgoog).djvu/275

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FRÉDÉRICK

ou un songe ? Frédérick devenait-il fou ? ou bien, après avoir cru, dans un rêve, qu’il s’éveillait, était-il endormi encore ? Non. Ses yeux étaient bien ouverts. Aucun égarement dans son esprit. Oh ! certainement, il n’était pas la dupe d’une illusion. En étendant la main, il sentait la dureté des rocs ; il entendait derrière lui les mâchoires de son cheval brouter l’herbe et les mousses.

Il regardait toujours, d’autant plus stupéfait que, maintenant, grâce à une intensité formidable d’attention, ayant toute sa volonté dans ses yeux, il distinguait mieux les choses à travers les brumes ensoleillées du lointain.

Les vêtements du peuple ressemblaient à ceux que l’on voit dans les gravures des vieilles Bibles et des anciens Évangiles ; au-dessus de longs manteaux se hérissaient des coiffures de cuivre, ayant la forme d’un croissant ; il y avait çà et là des bonnets noirs carrés ; sous des étendards que surmontaient des Aigles, des personnages à cheval portaient l’habit des légionnaires de Rome.

Un homme sortit de la foule et, s’approchant de celui qui était supplicié sur la plus grande