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Page:Mendès - Le Roi Vierge - 1881 (leroiviergeroma00mendgoog).djvu/287

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FRÉDÉRICK

de lanternes, des groupes de jeunes filles tournaient dans un envolement de rubans et de chansons ; les cruches de bière, sonnant sur les tables, rhythmaient lourdement la légèreté des danses.

Ces bruits, cette joie importunaient Frédérick ; il regarda autour de lui, avec une sorte d’anxiété, cherchant des yeux une hôtellerie. Des carrioles, une diligence, deux chaises de poste stationnaient devant une maison un peu plus grande que les autres ; l’auberge sans doute. Il poussa une étroite porte aux vitrages coloriés de pipes en croix et de chopes mousseuses ; mais il s’arrêta tout à coup, n’osant pas entrer. Il avait devant lui une assez vaste salle où beaucoup d’hommes et quelques femmes, — non pas des paysans et des paysannes, mais des hommes vêtus pour la plupart avec une rare élégance et des femmes très parées, — se tenaient assis autour d’une longue table et causaient à voix haute en levant par instants leurs verres où riait du champagne ; ce devaient être des gens venus des villes voisines pour assister au jeu du Mystère : la représentation finie, ils soupaient à l’auberge avant de se remettre en route.