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Page:Mendès - Le Roi Vierge - 1881 (leroiviergeroma00mendgoog).djvu/286

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LE ROI VIERGE

Mittelsbach était nombreuse et ambitieuse ; l’un de ses oncles ou de ses cousins, sinon son frère, séjournerait royalement dans la Résidence de Nonnenbourg, pendant que lui, paisible, il vivrait à l’écart, dans quelque creux de roche, pareil aux antiques ermites, mangeant les herbes et les racines, buvant l’eau que pleurent les pierres, ou pendant qu'il attendrait l’heure de la mort bienvenue au fond de quelque monastère où rien de l’humanité ne pénètre : déjà, dans le lointain mystérieux de sa pensée, il se voyait en longue robe de bure blanche, les mains croisées sur la poitrine, passer mélancoliquement sous les arceaux silencieux du cloître.

Le soir était venu pendant ces rêveries. Brisé par une longue course à cheval et par ses promenades errantes, n’ayant pris depuis la veille aucune nourriture, Frédérick retourna vers le village ; il voulait entrer à l’auberge, se faire servir un repas, se jeter sur un lit ; le lendemain, il écrirait à la reine Thécla, pour l’informer de sa résolution, et se mettrait en quête du couvent où il ferait son noviciat.

On riait, on buvait toujours dans l’unique rue d’Oberammergau ; entre les fenêtres illuminées