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Page:Mendès - Le Roi Vierge - 1881 (leroiviergeroma00mendgoog).djvu/289

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FRÉDÉRICK

des femmes, jupes trop courtes ou traînes trop longues, corsages très décolletés ou très montants, à gilets comme ceux des amazones, à treillis comme ceux des Suissesses, révélaient des nationalités diverses ou une habitude de ne pas soumettre à la mode le caprice personnel, de défier l’usage par l’invention.

Dans les types, la diversité était analogue : quelques hommes, jeunes, aux longs cheveux à peine blonds qui leur coulaient sur les épaules en un lin ruissellement d’or blême, montraient dans leur face pâle, émaciée, dans leurs prunelles d’azur presque sans couleur, ce je ne sais quoi d’affaibli, de déteint, qui distingue les fils de l’extrême Nord ; plusieurs visages bruns, aux tons chauds, dardant des regards vifs, avaient ces yeux de Madrid ou de Naples, noirs et lumineux comme de l’ébène imbu de soleil ; la plupart, nés sans doute dans le centre de l’Europe, se distinguaient les uns des autres par ces dissemblances de traits moins saillantes mais pourtant sensibles, que l’on remarque entre les races que le voisinage n’a pas unifiées. Et parmi les femmes aussi, pâles, ou blanches, ou dorées, Allemandes dont l’œil rêve, Françaises ou Russes dont l’œil