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Page:Mendès - Le Roi Vierge - 1881 (leroiviergeroma00mendgoog).djvu/30

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LE ROI VIERGE

que n’est pour rien dans l’affaire. Croyez-vous que l’on ne se rappelle pas ce qui s’est passé quand Frédérick II est venu rendre visite à son royal cousin et à sa royale cousine ? Ah ! le pauvre petit roi ! Je me souviendrai toujours de la mine qu’il avait. Un joli homme d’ailleurs. Un peu trop bien coiffé. Mais les yeux sont très doux. Svelte comme il est, on eût dit d’une longue jeune fille en habits blancs de général ! Seulement, il se rendait ridicule, oui. Des soupirs à fendre le cœur, des regards qui avaient l’air de rendre l’âme ; tout à fait les façons d’un fiancé allemand, lorsque Gretchen ou Charlotte n’est pas venue à l’heure dite sous les tilleuls de la promenade. Et, le jour du départ, ce fut bien pis ! Je vous avoue que je mourais d’envie de rire. Il avait les paupières toutes gonflées de larmes ; il n’osait pas bouger, il regardait de côté, en se tenant les mains, comme un Lubin de comédie. S’imagine-t-on cela ? se rendre amoureux d’une reine, quand on est roi ! Tout mystère est impossible. Il faudrait correspondre par le moyen des ambassadeurs ; pas de billets doux, des lettres de créance, les moindres bouderies consignées dans des protocoles, et, en cas de querelle, des ultima-