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Page:Mendès - Le Roi Vierge - 1881 (leroiviergeroma00mendgoog).djvu/29

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GLORIANE

peignoir de foulard paille, tout serré contre elle, appliqué aux brisures du petit corps maigre ; et il sortait de son frisson l’odeur un peu chaude, exquise, du lit récent.

Elle reprit :

— Vous permettez que je me couche sur la chaise longue ? C’est qu’il fait très froid ce matin ! Et maintenant, de quoi s’agit-il, parlez, que voulez-vous ?

Un peu étourdi par ce bavardage, un peu charmé aussi par ces gestes grêles et vifs et par un parfum qui avait de quoi plaire à son expérience libertine, le prince était fort mécontent néanmoins ; il dit, après un salut profond :

— Sa Majesté m’avait laissé espérer…

— Que vous seriez reçu par elle même ? Oh ! prince, vous n’y pensez pas. Mais tout le monde aurait su la chose, — peut-on se cacher lorsqu’on est reine ? — et les gens auraient fait mille histoires. Car, enfin vous devez venir de la part du roi Frédérick ; ce n’est pas pour rien que vous avez fait trois cents lieues, que vous étiez hier soir à la maison Pompéienne, un peu en avant des autres, sur le passage de Sa Majesté. Vous êtes chargé d’un message, certainement ; et la politi-