Aller au contenu

Page:Mendès - Le Roi Vierge - 1881 (leroiviergeroma00mendgoog).djvu/324

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
316
LE ROI VIERGE

ne voit rien, sinon une pâle et belle figure qui regarde fixement, avec des yeux où tout le ciel s’est réfugié. Il est beau, ce jeune roi ! Dis, Brascassou, est-il content ? le sais-tu ? Trouve-t-il que je suis une Blancheflor assez belle et assez violente ? Où est le prince Flédro-Schèmyl ? Pourquoi n’est-il pas venu déjà ? Enfin, il devrait être là ; il pense bien que je veux savoir tout de suite ce que pense le roi ! J’ai peut-être été stupide, froide ? Que sais-je ? Voyons, remue-toi ; que fais-tu là, planté comme un terme, et me regardant avec tes petits yeux qui clignent ? Va chercher le prince Flédro, qu’il vienne à l’instant…

Brascassou dit, étonné, inquiet peut-être :

— Ah çà ! Frascuèla, qu’est-ce qui te prend ? je ne t’ai jamais vue comme te voilà. Tu es extraordinaire, toujours ; mais tu l’es ce soir d’une façon que je ne te connaissais pas. Dis-donc, est-ce que tu serais amoureuse du roi pour de vrai ?

Elle se renversa dans un fauteuil en jetant tous ses cheveux derrière le dossier.

— Je te dis que je suis folle ! C’est la faute de cette musique aussi. Il semble que l’on chante