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Page:Mendès - Le Roi Vierge - 1881 (leroiviergeroma00mendgoog).djvu/33

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GLORIANE

temps, et que, les jours de bals officiels, il s’échappe, monte à cheval et se réfugie chez sa vieille nourrice dans les montagnes, tout effaré d’avoir vu des gorges et des bras nus de femmes ? C’est très ridicule, cela. Vous devez vous ennuyer considérablement à Nonnenbourg avec un roi pareil. Cé n’est pas une cour, c’est un couvent, et beaucoup de couvents sont plus gais. On dit aussi qu’il refuse de se marier. L’archiduchesse Lisi en est fort attristée. Pauvre mignonne ! je l’ai connue toute petite. Elle promettait de ne pas être laide, pour une Allemande. Vous n’auriez pas une reine éclatante, mais le roi aurait une bonne femme. Eh ! qu’il l’épouse donc ! Faut-il que je me mêle du mariage ? Non, je sais, il ne veut pas. Il reste le « fiancé de la musique ». Il a ce froid et entêté caprice. Aussi je ne suis pas du tout effrayée de son amour pour notre reine à nous. C’est une tendresse qui est un rêve. Sa Majesté l’a charmé parce qu’elle est lointaine, divine, impossible. Oui, oui, je me figure tout cela. Vous pouvez donc me dire ce qu’il exige. Une parole de pitié, un ruban qu’elle a porté, peut-être ? Oh ! ces faveurs-là lui suffisent.

— Ainsi, je n’aurai pas l’honneur de voir la