Aller au contenu

Page:Mendès - Le Roi Vierge - 1881 (leroiviergeroma00mendgoog).djvu/335

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
327
FRÉDÉRICK ET GLORIANE

sais, tu es timide ; on m’a raconté — on dit tant de choses — que les femmes t’épouvantent, que tu n’as jamais voulu te marier… Tiens, au fait, c’est possible : c’est peut-être parce que tu n’as voulu de personne que je veux que tu veuilles de moi ! N’importe. Viens. Que tu es beau ! Ne tremble pas, ne t’enfuis pas. Vois-tu, cela devait être un jour : nous devions nous rencontrer, toi si faible et si craintif, moi si formidable. Viens ! viens ! le hasard te donne à moi comme le vent jette un fétu de paille au bûcher.

Il se dérobait, ne l’écoutait pas, voulait appeler.

Mais elle, de ses mains, de sa bouche pleine de baisers, elle étouffait les cris du jeune roi, et elle le serrait toujours plus étroitement.

Enfin, rejetant dans un geste furieux les lambeaux d’or et de pourpre qui la couvraient à demi, elle se dressa toute nue, éclatante et miraculeuse.

— Vois ! dit-elle, lâche enfant !

Et comme il s’était détourné, cachant son visage entre deux roches, elle se jeta sur lui.