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Page:Mendès - Le Roi Vierge - 1881 (leroiviergeroma00mendgoog).djvu/353

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FRÉDÉRICK ET GLORIANE

leuse sur la flamme de laquelle chauffait une théière.

Le petit homme surveillait, avec la tendresse inquiète d’une mère, le repos de Gloriane ; ou plutôt il la regardait comme un avare considère son trésor retrouvé. Cette belle fille, en effet, n’était-ce pas son espoir, son avenir, son unique richesse ? Elle vivante, tous les rêves de bien-être étaient possibles à Brascassou ; elle morte, il n’aurait eu rien de mieux à faire que de s’en retourner cirer des bottes sur la place Lafayette, à Toulouse. Millo dious ! elle n’allait pas s’aviser de mourir, au moins ! Mais non, sa respiration était régulière, et la vie, comme une rose un peu pâle, commençait à refleurir sur ses joues. Allons ! tout allait bien ; avant peu de jours, ils quitteraient Nonnenbourg, s’esquiveraient de toutes ces royales intrigues, reviendraient en France, où l’on trouve, à défaut de rois, — oh ! il ne fallait plus lui en parler, des rois ! — des hommes qui savent se conduire, n’accueillent pas à coups de poignard les belles personnes qui viennent leur rendre visite. « J’ai eu trop d’ambition, se disait Brascassou ; le chambellan m’avait fait perdre la tête. » Mais,