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Page:Mendès - Le Roi Vierge - 1881 (leroiviergeroma00mendgoog).djvu/77

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GLORIANE

fondaient dans une énorme splendeur de pourpre qui saigne.

Cependant, comme un lever de soleil hors d’un horizon drapé de nuages ponceaux, un front de femme, coiffé de rayons fauves, émergea, seul, de tout ce rouge ; grande, blanche, sous de grosses touffes de cheveux roux, elle s’avançait, lumineuse, ayant l’air d’une Fornarine peinte sur un fond de cinabre, — éblouissement d’or sur l’éblouissement vermeil.

Elle passait.

Brascassou remarqua que les autres femmes se détournaient, laissant la route libre, rejoignant les marchandes cachées derrière les tas de piments ; la place parut vide et fut vraiment silencieuse : la passante se dressait, isolée, comme la flamme unique d’un grand foyer de braises.

Elle s’arrêta un instant, retroussant d’un air de mépris sa lèvre grasse, piment aussi, et parcourut le marché d’un regard qui dédaigne et qui défie.

Elle s’éloigna.

Il la suivit, étonné.

Il ne voyait plus maintenant que les torsades