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Page:Mendès - Le Roi Vierge - 1881 (leroiviergeroma00mendgoog).djvu/88

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LE ROI VIERGE

qui donnait congé. Brascassou, après un profond salut, s’esquiva. À vrai dire, il concevait assez mal quel rapport pouvait exister entre la Frascuèla et la mort de don Tello ; mais, ce qu’il comprenait à merveille, c’était le péril d’interroger les gens de Pampelune à propos de la détestée et magnifique fille. Il se le tint pour dit. À l’auberge, il n’eût garde de questionner l’hôtesse ni les servantes, redoutant d’être flanqué à la porte ; il observa le même silence circonspect dans le cabaret où on lui servit des pois chiches cuits à l’eau et des piments doux frits dans l’huile rance, convaincu que, pour unique réponse à la moindre question sur la Frascuèla, il recevrait en plein visage l’huile bouillante des piments, ou même les pois chiches, durs comme de petites balles, qui n’auraient pas manqué de lui crever un œil. Mais il d’interrogeait lui-même, avec une fièvre qui lui était peu habituelle. Brascassou, — doué de cette sorte d’intelligence médiocrement compréhensive, non ouverte, sournoise, étroite, en pointe, qui s’effile dans le museau des blaireaux et des fouines, — avait pourtant ceci de remarquable, qu’il n’était pas homme à se contenter de la première hypo-