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Page:Mendès - Le Roi Vierge - 1881 (leroiviergeroma00mendgoog).djvu/92

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LE ROI VIERGE

approchants, un secouement brusque, comme si une traînée de poudre, passant sous les pieds de chacun, s’était allumée partout à la fois ; et ce furent, dans un brouhaha subit, des cous qui s’allongent, des visages qui se lèvent, des bras ardemment tendus.

Toute de neige et d’or, la Frascuèla rayonnait entre les vitres rouges.

Ils se précipitèrent, mêlés, heurtés, poussés ; le noir frisson des vêtements, épars et comme battant de l’aile vers cette flamboyante fille, parodiait un vol éperdu de grands papillons de nuit, qu’un feu attire, ensorcelle, consume et tord.

Mais Brascassou s’était élancé le premier. Elle le vit ; elle dit : « Toi ! » en refermant sa fenêtre ; et, la porte s’étant ouverte, il se jeta dans la maison.

Il fut ébloui.

L’impression, d’abord, d’une violente entrée dans la splendeur d’un bûcher de parfums ; des chaleurs, des odeurs, des couleurs ; la vision aussi de se trouver tout à coup, au milieu d’un tournoiement de flammes, sous une avalanche de fleurs miraculeuses et de plumes d’oiseaux chimériques ; et il lui semblait que ces pourpres et ces ors, ces