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À QUI RESTERA LA VICTOIRE ?

plus grand tort par une cruauté inutile, et un obus, dépassant plus qu’il ne convient les remparts de Paris, est en même temps qu’un crime, une maladresse. Songez bien à ceci, que dans l’affreuse lutte à laquelle nous assistons, la victoire ne restera pas à celui des deux partis qui triomphera de son adversaire par la force — ce triomphe-là, il est certain que vous l’obtiendrez — mais à celui qui, par sa conduite, aura réussi à prouver à la population neutre, qui observe et juge, que le bon droit était de son côté. Je ne conteste pas que votre cause ne soit la meilleure — car si on peut vous reprocher des résistances imprudentes, des attaques maladroites, et une obstination coupable à ne pas démêler ce qu’il y avait de légitime et d’honorable dans les vœux de Paris, on est obligé de convenir que vous représentez, légitimement et légalement, la France tout entière, — je ne conteste pas que le bon droit ne soit en effet de votre côté, mais espérez-vous vous rallier le nombre considérable de Parisiens qui, un instant, s’est défié de vous, en massacrant des promeneurs et en trouant des moellons ? Si ce bombardement continuait, si ce bombardement redoublait de violence, comme il semble tendre à le faire, vous deviendriez odieux, et, alors, eussiez-vouscent fois raison, vous auriez cent fois tort. Donc, il est urgent, s’il vous plaît, de donner quelques ordres aux artilleurs de Gourbevoie et du Mont-Valérien, et de les prier de modérer leur zèle, si vous ne désirez pas que Paris — le Paris neutre — fasse de dangereuses comparaisons entre l’Assemblée qui lui envoie des obus et la Commune qui lui impose des décrets, et se dise un jour que les décrets l’uni moins de mal que les obus. De la légalité,