Page:Mendès - Les 73 journées de la Commune, 1871.djvu/139

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

127
DISPARITION DE BERGERET.

en somme, nous nous en soucions peu ; nous avons tant vu de gouvernements plus légaux les uns que les autres, que, sur ce point, nous sommes blasés, et ce n’est pas quelques millions de suffrages qui nous forceront à trouver la mitraille agréable. Certainement, la Commune, telle que les hommes de l’Hôtel de Ville l’ont faite, ne nous sourit que médiocrement. Elle arrête les prêtres, elle supprime les journaux, elle veut nous incorporer de gré ou de force dans sa garde nationale, elle pille un peu, on le dit du moins, elle ment beaucoup, c’est incontestable, et tout cela est très-gênant ; mais que voulez-vous ! la nature humaine a de ces faiblesses : on aime encore mieux être gêné que bombardé.

XXXIX.

Où est Bergeret ? Qu’a-t-on fait de Bergeret ? Bergeret nous manque, on n’a pas le droit de supprimer le Bergeret, qui, selon l’affiche officielle, était « lui-même » à Neuilly, le Bergeret qui allait en calèche à la bataille, le Bergeret qui mêlait un peu de gaieté à notre détresse. Qu’on lui retire son commandement, je le veux bien ; qu’on le donne à n’importe qui, je ne m’y oppose pas ; mais qu’on le laisse libre de nous faire sourire ; hélas ! les occasions n’en sont que trop rares ! Le bruit court qu’on l’a envoyé à la Conciergerie, cet excellent Bergeret, et pourquoi l’a-t-on traité de la sorte ? parce qu’il a fait battre l’armée des fédérés en voulant la conduire à Versailles.

Eh bien, citoyens, si j’osais donner mon humble avis