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LES PETITES-SŒURS DES PAUVRES.

remis à sa place Mgr Darboy, s’était trouvé là, comme il aurait bien vite répondu à cette folle : « Vous n’êtes pas devant des frères, vous êtes devant des gardes nationaux ! » Mais on ne peut pas se trouver partout.

— Nous voulons visiter votre caisse, répliqua l’officier.

La Bonne Mère lui fit signe de la suivre, lui désigna une armoire, l’ouvrit, tira un tiroir et dit : « Voilà ce que nous avons. »

Il y avait vingt-deux francs.

— Vous n’avez que cela ? demanda le capitaine d’un ton défiant.

— Rien que cela, dit-elle ; du reste, monsieur, vous pouvez chercher partout.

Alors les gardes nationaux se répandent dans la maison, vont et viennent, ouvrent les chambres, fouillent les meubles, et ils arrivent enfin, sans avoir rien trouvé, dans le dortoir où étaient couchés les vieillards. Alors, vieux et vieilles se dressent, pleins d’étonnement et d’effroi, et, bégayants, tremblants, on les entend jacasser tous à la fois :

— Qu’est-ce que vous faites ici ? Vous ne voulez pas faire du mal aux bonnes sœurs, au moins ? C’est indigne, c’est une honte, allez-vous-en, c’est lâche ; mon bon monsieur, qu’allons-nous devenir si vous les emmenez ?

Les vieilles sont furieuses et les vieux se lamentent. Les gardes et l’officier ne s’attendaient probablement pas à une telle scène. Ils hésitent à continuer leur perquisition.

— Non, non, bonnes gens, dit l’officier qui avait été le plus violent et fut le plus vite radouci, non, nous n’em-