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LE DÉCRET SUR LE MONT-DE-PIÉTÉ.

je répète : « Ne touchez pas à ce tombeau ! » Comme la colonne Vendôme est le symbole d’une époque héroïque et terrible, la Chapelle Expiatoire rappelle tout le passé monarchique de la France : tout un passé qui n’a pas été sans tristesse, mais qui n’a pas été sans honneur. Soyons républicains sans supprimer notre histoire qui fut royaliste. Toute la cendre de la monarchie repose en paix sous ce monument ; qu’elle y demeure à jamais, respectée à l’égal des ancêtres qui l’honorèrent ; et puis, briseurs d’images, profanateurs des gloires mortes, ne craignez-vous pas, en exécutant votre décret, de produire un effet diamétralement opposé à celui que vous en attendez ? Persécuter les rois jusque dans leur dernier asile, n’est-ce pas pousser à les plaindre, à les regretter peut-être, les consciences encore hésitantes ? Dans l’intérêt même de la République, prenez garde ! Les morts sortent plus aisément des sépulcres ouverts.

LXXVI.

Réjouissez-vous, pauvres ménagères, qui, dans un jour de disette, avez été obligées de porter au Mont-de-Piété votre robe de noce ou la redingote de votre mari ; réjouissez-vous, artisans, fatigués le soir, et qui trouvez votre lit bien dur depuis que son dernier matelas a été rejoindre, rue des Blancs-Manteaux, votre dernière paire de draps. La Commune a décrété que « tous les objets engagés au Mont-de-Piété pour une somme de vingt francs et au-dessous, seraient restitués gratuitement aux per-